Les rites forestiers.

L'esprit des forêts - la forêt de Chaux - les vieux métiers

BCC04.jpgbccazans.jpgBCC06.jpgBCC05.jpgBCC01.jpgCharbonnier24.jpgBCC08.jpgBCC009.jpgBCC03.jpgBCC02.jpg

 

Les Bons Cousins Charbonniers

Pour celui qui sait voir; les traces sont encore bien visibles de l'activité de la confrérie des Bons Cousins Charbonniers dans notre région de Franche-Comté. Signes particuliers sur les tombes des cimetières d'Arbois et de Poligny, peintures spécifiques et  objets décorés dans les musées régionaux, archives indubitables, ... nul ne peut nier son existence. Il n'est pas très difficile de retrouver le fil de l'histoire mêlée à celle de notre pays de France. Quelques clics judicieux, une bibliographie par trop succincte, on en aura vite fait le tour. En apparence seulement, car l'histoire est écrite par les vainqueurs et les Bons Cousins ont connu une fin plutôt tragique notamment lors de l'avênement de Napoléon III. Trop rapidemment classés parmi les libertaires voire anarchistes ce portrait ne semble pas correspondre au contenu trouvé dans les rituels qui nous sont parvenus. Nous avons la chance de pouvoir consulter celui des archives de Dole de 1835 et celui de la Vente du Bois de Bregille de 1812 conservé aux archives de Besançon. Avant d'être instrumentalisés politiquement au début du XIXe siècle à l'instar de la Carbonaria italienne, les Bons Cousins Charbonniers s'apparentent davantage à ce qu'on appelle désormais une société de sociabilité. Le phénomène est repérable partout en Europe. Il est plaisant à certains de se regrouper afin de pratiquer ensemble une rituélie particulière souvent élististe qui permet de se distinguer, "d'en être". On croisera essentiellemnet deux rameaux originels: celui des confréries de métiers dont l'objectif vise à dégager une élite ouvrière et l'appartenance à une sorte de chevalerie dont le type a toujours fait fantasmer l'Occident. Coupée des réalités de ces deux modèles, ces sociétés tentaient d'en préserver le contenu, la puissance évocatrice et la dynamique de transformation à destination de ses membres. Proximité avec la nature, religion primitive, secret des confréries, idéal chevaleresque, ... Nous sommes partis en quête de ces  prérogatives depuis de nombreuses années déjà  avec un bonheur jamais démenti.

Cliquez ici pour visualiser les archives des bons cousins charbonniers...

 Le symbolisme de l'arbre 

Notre Bon Cousin René-Alexandre nous a présenté lors de notre fête de Samain 2019, une conférence traitant du symbolisme de l'arbre. Il était urgent et important que ce sujet soit enfin traité au sein de l'Esprit des Forêts. Que notre Bon Cousin en soit vivement remercié car nous avons tous pu apprécier la qualité de son intervention. Il s'est magnifiquement acquité de sa tâche. Pour les Charbonniers,  vous trouverez dans le menu déroulant "Membres", situé à droite de l'écran, dans l'onglet "Les charbonniers",  le texte de la conférence donnée par notre Bon Cousin René-Alexandre, sous la forme de deux fichiers PDF: 1ère partie pour une entrée en matière par un point de vue général sur le symbolisme de l'arbre, suivie d'une seconde partie développant un aspect plus ésotérique. 

 

image non modifiée sous licence PIXABAY 

 

 

 photo EDF

 Sylvothérapie

Le mot "sylvothérapie" associe le préfixe "sylvo" qui veut dire "forêt" (du latin "sylva") au suffixe "thérapie" qui comme chacun sait signifie "soin". La sylvothérapie est un mode de soin qui procède des bienfaits que peut apporter la forêt. Celle-ci offre généralement un environnement apaisant. Des recherches ont démontré que le sang de personnes ayant marché dans les bois contient un taux de cortisol beaucoup plus bas que celui de personnes ayant couvert la même distance en ville (Forestry and Forest Products Research Institute). La tonalité verte semble favoriser la guérison. D'autres recherches ont démontré également (université A&M Texas) que les patients guérissent plus vite quand leur chambre donne sur un espace vert. En forêt, la qualité de l'air y est bien meilleure, naturellement enrichie en huiles essentielles. La sylvothérapie est un art sacré traditionnel au Japon appelé le Shinrin-Yoku, littéralement le "bain de forêt". Au Japon en 2018, plus de cinquante parcours forestiers ont été balisés avec des postes de contrôle médicaux. Au Royaume-Uni, l'administration forestière écossaise a été pionnière pour la prise en compte des effets  des immersions en forêt sur la santé. L'émission "Faut pas rêver" diffusée le jeudi 27 février sur FR3 (possibilité de replay), nous a fait découvrir entre autres "savoureuses rencontres"  Eric Brisbare, accompagnateur en montagne, diplômé d'Etat et initiateur à la sylvothérapie. Eric a accepté de nous donner prochainement une conférence dans le cadre de l'Esprit des Forêts à Courtefontaine. Il est l'auteur d'un livre intitulé "un bain de forêt" où il dévoile les principes bienfaisants des arbres pour notre santé: lutte contre le stress, contre la dépression, facilitation du sommeil, reconnexion à la nature, stimulation du système immunitaire... Vous trouverez le lien vers ses sites internet dans notre onglet "partenaires". La sylvothérapie est riche en propositions, outre la qualité environnementale et l'effet apaisant déjà évoqués ci-dessus, les approches sont nombreuses: le contact sensoriel avec les arbres, la mise en éveil des sens, les lieux energétiques (arbres, pierres, sources,...) souvent connus de mémoires ancestrales, l'herboristerie, etc. La sylvothérapie tant dans son histoire que dans ses découvertes plus récentes fera l'objet d'autres articles notamment dans notre rubrique réservée aux Druides. Ne pas oublier l'excellent magazine Druidéesse (voir dans l'onglet "partenaires").

 

 Derrière les fagots, le cagot !

C'est l'intitulé du dernier livre de Witold Zaniewicki qui a consacré de nombreux articles et ouvrages sur le sujet.  Nous connaissons bien l'auteur avec qui nous avons déjà beaucoup échangé sur les rites forestiers. Ces recherches permettent de formuler des hypothèses quant à des questions restées sans réponses sur nos Bons Cousins Charbonniers des forêts du Jura. Nos lointains ancêtres avaient identifié empiriquement que le bois ne transmettait pas les maladies. Ainsi le travail en forêt avait deux avantages: celui d'éloigner ceux qu'on ne souhaitaient pas voir au sein de la communauté urbaine: lépreux, difformes, bâtards, etc, tous ceux qui étaient en rupture de ban et trouver des travailleurs pour la forêt.  La plupart des cagots sont spécialisée dans les métiers du bois car on croit alors que le bois ne peut transmettre la lèpre et la plupart des autres métiers leur sont interdits. Les cagots sont réputés pour leur habilité comme charpentier, menuisier, tonnelier, charron ou fabricant de bateaux. Ainsi, en 1379, Gaston Fébus, comte de Foix et vicomte de Béarn passe contrat avec 88 cagots de diverses localités du Béarn pour réaliser la charpente du château de Montaner en construction. Les cagots sont donc des lépreux ou des descendants de lépreux qui habitent dans des hameaux à l’écart des villages ou des villes, appelés crestianies puis à partir du XVIe siècle cagoteries. Ces hameaux possèdent leur propre point d’eau, leur cimetière, et pour les communautés les plus importantes leur propre église. Ailleurs ils assistent aux offices relégués à l’extérieur ou rentrent par une porte qui leur est réservée et possèdent leur propre bénitier. Ne pouvant se marier qu’entre eux, les cagots vont chercher leur conjoint dans une communauté comparable plus ou moins  éloignée. Nous avons déjà relevé parmi ces particularités des cagots des similitudes avec nos Bons Cousins Charbonniers. La présence, pour ne pas dire la vénération, de ce fameux morceau de bois de 33cm appelé "échantillon" ou "enchantillon" (appellation non stabilisée). Il permettait aux cagots en tant que lépreux ou assimilés, de désigner les aliments sans les toucher avec leurs mains. On notera qu'à Dole,  la fontaine située à la porte de la ville en direction de la forêt de Chaux s'appelle la fontaine des lépreux. Enfin nous n'oublierons pas l'église mystérieuse de Chissey-sur-Loue, autrefois au coeur de la Forêt de Chaux, dont la présence de nombreux visages difformes sculptés en tant que corbeaux reste bien mystérieuse sauf si bien sûr c'était une église "cagote". Witold suit la piste des cagots dans le compagnonnage des métiers du bois, il émet l'hypothése de l'origine du mot "gavot" à partir de "cagot", mais également celui de la Reine Pédauque et de la Mère Catauld (Cagot ?). Les cagots portent le signe de la patte d'oie, signe graphique de la charpente dans les métiers compagnonniques.

Editions du cosmogone - prix public: 16.50€

 

 

 

photo geneanet.org déposée par derville, sans modification

licence CC-BY-NC-SA 2.0 Creative Commons

 La Saint Sylvestre

Saint - Sylvestre était pape de 314 à 355. Il est surtout connu pour son combat contre la doctrine d'Arius de Constantinople qui niait la nature divine du Christ. Il serait mort un 31 décembre. A priori cet évênement a peu à voir avec la fête du Nouvel An, mis à part son nom qui désormais l'y associe inéluctablement. Comme nous l'avons maintes fois remarqué le calendrier chrétien a tenté avec plus ou moins de réussite de se superposer à un calendrier préalablement païen. Le jour de l'an n'a pas toujours été le 1er janvier. D'un point de vue cosmique la bascule devrait plutôt s'opérer au solstice d'hiver le 21/22 décembre. Les Celtes célébraient la nouvelle année à la fête de Samain, à l'entrée dans la saison sombre, c'est à dire pour nous à la Toussaint. En 46 avant notre ère, Jules César décida que le 1er janvier serait retenu comme Jour de l'An. Janvier étant le mois dédié au dieu Janus, le dieu des commencements et des initiations, on peut estimer que c'était  une excellente intuition pour commencer une année nouvelle. Il n'aura échappé à personne que Saint Sylvestre porte un nom en lien avec la forêt (sylva en latin). Pur hasard ? Pas si sûr. On trouve  dans La Légende Dorée de Jacques de Voragine (1261-1266) un Saint Sylvestre, apparemment le même puisqu'il est évêque sous l'empereur Constantin, qui terrasse un dragon. Sylvestre descendit dans une grotte, portant en main deux lanternes. Il dit au dragon les paroles du Saint Esprit, puis il lui lia la bouche, qui sifflait de rage, il la cacheta avec un anneau portant le signe de la croix. Encore un exemple de la christianisation des forces païennes par un saint militant. Le dragon étant le symbole de la vie animale, de la force vitale, de ce "nisus", qui pulse dans tous les êtres vivants...dont les rivières et les fleuves sont une représentation et portent souvent le nom: Drac, Drava, etc. Le 31 décembre, à minuit, la tradition veut que l’on s’embrasse sous une branche de gui. La coutume nous viendrait des Celtes qui prêtaient des vertus magiques et médicinales à cette plante. Les habitants accrochaient des branches de gui cueillies par un druide dans leur maison, et accueillaient leurs invités en les embrassant sous la plante, pour leur porter chance. Subsiste à Morlaix en Bretagne une fête appelée la "guignannée" où des étrennes sont offertes aux pauvres le dernier jour de l'an. En Angleterre si une jeune femme célibataire acceptait un baiser alors qu'elle se trouvait sous la "kissing ball" (les boules de guy), elle était promise à un mariage dans l'année.  Le nouvel an en dialecte médiéval devenait "la guilaneu" ou "la guilané" distorsion du  cri de joie "Au gui l'an neuf" !  Enfin n'oublions pas la célèbre chanson Auld Lang Syne, entonnée à minuit  dans tous les pays anglos-saxons, écrite au XVIIIe Siècle par Robert Burns, notre  barde écossais.