Les rites forestiers.

L'esprit des forêts - la forêt de Chaux - les vieux métiers

Le Noachite ou Chevalier Prussien

Il n’y est pas fait référence ni au bois ni à la forêt dans ce grade. Toutefois il est très fréquemment associé à son parèdre au sein du Rite Ecossais Ancien Accepté, celui de Chevalier Royale Hache. Ce dernier en revanche est un vrai grade « forestier » comme chacun de nous, titulaire de ce grade, a pu le vivre et pourra le vérifier à chaque fois qu’il le voudra. Ce Chevalier Royale échappe à la franc-maçonnerie de la pierre pour évoquer un autre aspect de la construction du Temple de Salomon : la part prise par les coupeurs de bois dans les forêts du Liban et leur acheminement par radeaux jusqu’au port de Jaffa en vue d’être ensuite livrés au chantier de Jérusalem. Le « Noachite » ou « Chevalier Prussien » est plus difficile à repérer dans les archives des documents maçonniques connus à ce jour. La trace la plus évidente se trouve dans le Rite d’Adoption qui évoque également Noé et la construction de l’Arche (voir l’ouvrage de Jan Snoek sur le sujet, Dervy 2012).  On trouve cité dans la création du Rite d’Adoption en 1744, le fameux Charles François de Radet dit Chevalier de Beauchaine qui aurait créé  l’Ordre des Fendeurs en 1747, sur le modèle d’une confrérie du quinzième siècle (selon Ragon de Bettignies). C’est ce rite auquel fait référence Régis Blanchet quand il réactive le Rite Forestier des Modernes dans les années 80. C’est aussi en 1744 que l’Ordre de la Cognée implante son premier collège à Paris (cf. André Kervella, les rois Stuart et la FM, éditions Ivoire-Clair 2013). Malheureusement pour ces deux degrés, placés respectivement aux 21ème et 22ème degrés, pour une raison qui échappe encore à beaucoup, lesdits grades ne sont plus pratiqués depuis longtemps, l’ont-ils jamais été d’ailleurs ? Avant de tomber en désuétude, il est indéniable que les thèmes de Noé, de son Arche et de la Tour de Babel ont alimenté les préoccupations initiatiques des Maçons du XVIIIème siècle. Noé est un précurseur d’Hiram dans le manuscrit Graham de 1730. La particularité du « Chevalier Prussien » c’est qu’il est dit aussi « Noachite ». C’est de par sa proximité avec Noé, héros du grade de Nautonier, que nous avons retenu de le pratiquer. On notera le distinguo entre les degrés dits « noachites » et ceux désignés comme « hiramites » opéré par les historiens de la franc-maçonnerie. Le mot de « prussien » dans le contexte du REAA, ne peut que faire penser au roi Frédéric II de Prusse qui y occupe une place prépondérante. Sachant que la tradition maçonnique « prussienne » doit beaucoup à un personnage qui fréquenta assidûment la cour du roi à Berlin, il s’agit de Georges Keith (1693-1778), exilé jacobite, franc-maçon éminent. Georges Keith est « comte Marischal » fonction héréditaire en Ecosse depuis la bataille de Bannockburn, fondatrice de la dynastie royale avec Robert the Bruce. Hébergé par Frédéric II, il le nomma ambassadeur de Prusse à Paris, puis gouverneur de la cité des princes de Neuchâtel en Suisse alors terre d’Empire. Georges Keith est identifié comme créateur des « Hauts Grades » dits « écossais » notamment à Berlin (où il finira ses jours) le 32ème degré, le Prince du Royal Secret. On notera dans ce degré la présence du loup. Si ces degrés ont une origine opérative, on ne peut que remarquer que certains compagnonnages sont nettement christianisés, celui de Maître Jacques par exemple, et qu’en revanche d’autres se disent « salomoniens » et par conséquent non chrétiens puisque leur référence se souche en amont de la révélation chrétienne. C’est le cas des Compagnons Charpentiers qui se nomment entre eux « les Loups » ou « les Indiens ». Les loups sont ceux qui vivent en marge de la société, au contact de la forêt. On pourra signaler également que le métier de « tuileur » qui correspond à l’officier de loge placé à l’extérieur est un métier de la forêt et qu’Hiram est un bronzier, c'est-à-dire un forgeron en lien avec la forêt par les charbonniers. Je cite pour conclure un paragraphe tiré d’un article de Thomas Dalet du 16 juin 2012 :« Les métiers « salomoniens » ont tous un rapport avec le bois et leur réticence à adhérer au canevas social et éthique chrétien laisse supposer qu’ils protègent la conservation de rites préchrétiens. La référence salomonienne ne veut en aucun cas dire qu’ils détiennent des rites remontant aux temps sémites de la construction du Temple de Salomon, mais serait plutôt une concession permettant à ces métiers de bois de s’intégrer aux grands chantiers médiévaux sans finir sur un bûcher. » 

 http://hautsgrades.over-blog.com/article-le-22eme-degre-du-reaa-107027730.html

 

 

 

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