image: sauna traditionnel Laponie source: FLICKR auteur: Romain Cloff, 19 mars 2011 |
Quel lien y a-t-il entre le druidisme et la Finlande ? On pourra nous taxer de syncrétisme tiré par les cheveux. Des druides il ne reste rien ou si peu (cf. les travaux de C. Guyonvarc'h et F. Leroux). Il y a bien sûr les apports de l'archéologie et de l'histoire comme sources incontestables. Puis toutes les traces littéraires, mythiques, légendaires que nous appellerons "bardisme". Voici ce qui est notre base et qui nous permet de dire "je suis celte" préalable à toute intronisation dans l'ordre des druides. Cependant, quid de la relation des druides à la nature ? Sachant que ceux-ci en étaient très proches. On voit des auteurs contemporains mélanger allégrement druidisme et chamanisme sans précaution. De la même façon, bon nombre de groupes néodruidisants actuels, rejetant ce qu'ils nomment le "maçonnico-druidisme", c'est à dire l'héritage du Druid Order anglais et des rites forestiers, se tournent exclusivement vers le chamanisme. N'oublions pas que selon les observateurs de l'Antiquité, Grecs ou Romains, les druides s'apparentent davantage aux philosophes pythagoriciens qu'à des "hommes-medecine". Il reste à retrouver dans le projet de l'Esprit des Forêts, les signes de notre tradition, d'avant l'importation d'une idéologie orientale, substituant un "Livre" à la Nature. Les Celtes étaient de grands voyageurs, en attestent, leurs migrations, leurs conquêtes et leurs pratiques commerciales. Nul doute qu'ils ont croisé d'autres peuples. Comme religion primitive associée à la nature, le chamanisme est attesté sur les cinq continents et par chance encore tangible notamment en Sibérie et sur le continent américain tant au nord qu'au sud. On peut supposer, que les pratiques rituelles d'approche de la nature sont universelles sinon transversales. Probablement que, dans l'imaginaire collectif du Celte, le sanglier, le cerf, ... se substitueront au renne, au guépard ou à l'anaconda. C'est pourquoi cette approche du chamanisme, empruntée à d'autres latitudes, ne pourra que se ranger derrière l'histoire et le bardisme celtiques. L'apport du sisu finlandais (prononcer "sisou"), mérite d'être retenu comme un art de vivre en lien avec la nature et bien davantage, comme une philosophie, une source de sagesse. Un sondage récent indique que, pour les Finlandais, la paix, la tranquillité, l'ordre, l'indépendance, la fonctionnalité et l'équité occupent le dessus du panier où "le contact avec la nature" est au premier rang de ce qui rend heureux. "Sisu" est sans doute le mot préféré des Finlandais, il désigne un mélange de courage, de résilience, de cran, de ténacité et de persévérance Ce mot est certes façonné par le destin d'une nation mais caractérise aussi la vie quotidienne des Finlandais. Les enfants sont initiés au sisu dès leur naissance et cet aspect peut sinon expliquer, contribuer à l'incontestable réussite du système éducatif finlandais. Le sisu comprend cette vie rustique au contact de la nature, l'éloge de l'inconfort, du silence, du dépassement de soi et de l'entraide dont les bénéfices et les ressources imprègnent tous les domaines de la vie tant familiale, sociale que professionelle. Voilà un exemple bien inspirant de la mise en oeuvre de "l'esprit des forêts" dans nos vies quotidiennes. Vous pourrez en découvrir davantage dans le livre de Joanna Nylund "Sisu, l'art finlandais du courage" aux Editions de l'Homme, 2018. |