photo libre de droits issue de Wikipedia, article sur Montaigne |
Auteur d'un seul livre: "Les Essais", Montaigne croit en Dieu, fait sa prière tous les soirs, assiste à la messe, demande l'extrême onction sur son lit de mort... Assurément Montaigne est chrétien, catholique même car il refuse la Réforme. Montaigne est fidéiste, c'est à dire qu'il croît dans le dieu de son pays, "Je crois au Dieu de mon roi et de ma nourrice". Comment pourrait-il en être autrement ? Le premier par fidélité "nationale', le second par héritage familial et culturel. Il faudra entrer en réaction si l'on épouse de nouvelles convications. C'est le cas de Montaigne qui par exemple reste fidèle au christianisme plutôt que de basculer dans le protestantisme comme bon nombre de ses contemprains. En fait Montaigne ne veut pas d'ennui, "en France il fait comme les Français", Cependant, en ce qui le concerne, l'enjeu est plus vaste, sa pensée est une authentique rupture épistémogique avec toute la pensée occidentale tant grecque que judéo-chrétienne. Il est le premier, en tous cas de premier plan, à penser par lui-même et à partir de ses propres observations. Montaigne ne cherche pas la vérité dans les livres qui disent le monde, ni dans la Bible, ni dans Platon, ni dans Aristote, mais dans le monde lui-même. Il invite à se passer des bibliothèques afin de regarder le monde pour le penser vraiment. Il n'y a pas de meilleure définition de ce qu'est le paganisme. Il rejoint en ça Spinoza avec son "Deus Sive Nature: la Nature c'est Dieu et Dieu c'est la Nature". Dieu c'est la Nature et ce n'est ni dans les livres, ni dans les récits qui racontent l'histoire de dieux disparus que se trouve la vérité. Cela est évoqué dans nos rituels par la phrase "face au soleil, oeil de vérité". C'est symboliquement au moment où il y a le plus de lumière, "à midi", que nous sommes en mesure de voir le monde tel qu'il est. Assurément Montaigne n'est pas un druide et n'a sans doute jamais souhaité l'être. Ce serait complétement anachronique. Mais comme nous ne savons rien de la pensée des druides et qu'il ne suffit pas de se grimmer en druide pour être druide, nous tentons de percer le secret d'une pensée païenne, de retrouver ces druides, "des philosophes chez les barbares" comme les nomme Jean-Louis Brunaux et surtout, à la suite de Paul Veyne ("Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?") et Gérard Poitrenaud ("Cernunos, le dieu primordial des celtes et ses avatars"), ne leur faisons pas croire à ce que nous voudrions qu'ils crussent. Le but n'étant pas de singer les druides d'autrefois, avec vraiment le risque de passer à côté, mais de retrouver une pensée païenne d'occident. |