C'est l'intitulé du dernier livre de Witold Zaniewicki qui a consacré de nombreux articles et ouvrages sur le sujet. Nous connaissons bien l'auteur avec qui nous avons déjà beaucoup échangé sur les rites forestiers. Ces recherches permettent de formuler des hypothèses quant à des questions restées sans réponses sur nos Bons Cousins Charbonniers des forêts du Jura. Nos lointains ancêtres avaient identifié empiriquement que le bois ne transmettait pas les maladies. Ainsi le travail en forêt avait deux avantages: celui d'éloigner ceux qu'on ne souhaitaient pas voir au sein de la communauté urbaine: lépreux, difformes, bâtards, etc, tous ceux qui étaient en rupture de ban et trouver des travailleurs pour la forêt. La plupart des cagots sont spécialisée dans les métiers du bois car on croit alors que le bois ne peut transmettre la lèpre et la plupart des autres métiers leur sont interdits. Les cagots sont réputés pour leur habilité comme charpentier, menuisier, tonnelier, charron ou fabricant de bateaux. Ainsi, en 1379, Gaston Fébus, comte de Foix et vicomte de Béarn passe contrat avec 88 cagots de diverses localités du Béarn pour réaliser la charpente du château de Montaner en construction. Les cagots sont donc des lépreux ou des descendants de lépreux qui habitent dans des hameaux à l’écart des villages ou des villes, appelés crestianies puis à partir du XVIe siècle cagoteries. Ces hameaux possèdent leur propre point d’eau, leur cimetière, et pour les communautés les plus importantes leur propre église. Ailleurs ils assistent aux offices relégués à l’extérieur ou rentrent par une porte qui leur est réservée et possèdent leur propre bénitier. Ne pouvant se marier qu’entre eux, les cagots vont chercher leur conjoint dans une communauté comparable plus ou moins éloignée. Nous avons déjà relevé parmi ces particularités des cagots des similitudes avec nos Bons Cousins Charbonniers. La présence, pour ne pas dire la vénération, de ce fameux morceau de bois de 33cm appelé "échantillon" ou "enchantillon" (appellation non stabilisée). Il permettait aux cagots en tant que lépreux ou assimilés, de désigner les aliments sans les toucher avec leurs mains. On notera qu'à Dole, la fontaine située à la porte de la ville en direction de la forêt de Chaux s'appelle la fontaine des lépreux. Enfin nous n'oublierons pas l'église mystérieuse de Chissey-sur-Loue, autrefois au coeur de la Forêt de Chaux, dont la présence de nombreux visages difformes sculptés en tant que corbeaux reste bien mystérieuse sauf si bien sûr c'était une église "cagote". Witold suit la piste des cagots dans le compagnonnage des métiers du bois, il émet l'hypothése de l'origine du mot "gavot" à partir de "cagot", mais également celui de la Reine Pédauque et de la Mère Catauld (Cagot ?). Les cagots portent le signe de la patte d'oie, signe graphique de la charpente dans les métiers compagnonniques. Editions du cosmogone - prix public: 16.50€ |