Les rites forestiers.

L'esprit des forêts - la forêt de Chaux - les vieux métiers

 Un carnet manuscrit de Bon Cousin du Jura

Un de nos amis sympathisants a déniché chez les spécialistes de documents anciens un manuscrit traitant des Bons Cousins  Charbonniers de la forêt de Chaux. Il a eu la délicate attention de nous permettre de le consulter avant sa mise en vente et nous l’en remercions vivement.

Il s’agit d’un carnet écrit à la main émanent de la société des Bons Cousins  Charbonniers de la forêt de Chaux daté de 1852.

Sans lieu ni date [Vieille-Loye ou Arbois ?, vers 1852]. Manuscrit à l’encre. Carnet in-12 de 300 pages [i.e. 298 pages]. 2 dessins et 2 gravures (la Vierge Marie et le Pélican) contrecollées dans le texte. Reliure de l’époque à la Bradel en cartonnage marbré bleu, pièce de titre en basane maroquinée havane

L’exemplaire comprend des planches des différents degrés, des travaux traitant du christianisme primitif, notamment en Franche-Comté, et les origines des Bons Cousins Charbonniers, leur permanence malgré les persécutions. On y évoque la Vente Suprême Chambre Parfaite, les réunions des Fendeurs, l’interprétation du 2nd grade (Compagnon), l’instruction et le Décalogue.

Concernant le Jura et la forêt de Chaux, le document est du plus grand intérêt. L’auteur réagit à la décision préfectorale d’interdire les réunions de Bons Cousins ; il met en lumière le désaccord profond, voire violent, entre les Bons Cousins Charbonniers notamment lors de la fête patronale du 22 décembre 1849 à Lons et la réponse d’un Bon Cousin aux fausses accusations portées contre lui à la « Vente réunie aux Bois de la Forêt de Pupillin, octobre 1851 ») responsables d’avoir dévoyé l’Ordre vers la politique au détriment de sa symbolique initiale et de ses visées humanistes . Y est évoquée l’affaire de  Napoléon III après son coup d’état de décembre 1851 et les conséquences désastreuses que l’on connait. Ensuite on y trouve retranscrites les « oraisons » ? du Voyageur bûcheron franc Bon Cousin Charbonnier au « mont Beauregard, Forêt du Vrai Bonheur » (sur la route de Poligny à Arbois, avec dessin). Il évoque le calvaire de la forêt Beauregard, Saint Thibaud patron de l’ordre (avec trois prières de Bons Cousins Charbonniers). On y trouve mentionné  la Vieille-Loye, avec la description précise (illustré d’un dessin), de la Chambre d’Honneur qui s’y trouvait élevée à la Vierge par les Charbonniers au XIIe siècle, et, sous Louis XVI, son état délabré souligné par le curé Pilliot, reconstruite avant la Révolution grâce à un emprunt de 25 000 francs contracté par les Bons Cousins auprès de Mont-sous-Vaudrey. Enfin il dénonce le procès inique intenté à quatre dolois Bons Cousins Charbonniers : Michon et Robert, avocats d’honneur, Pagnoz, restaurateur et Chassin, chausseur, accusés de faux-monnayage pour avoir émis des bons papiers de bienfaisance pour l’entraide uniquement au sein de l’Ordre (Robert et Pagnoz furent exécutés en 1852).

  1. Ce document a été acquis par les archives départementales du Jura et par conséquent consultable à Lons-le-Saunier pour notre plus grand bonheur.

 

Charbonnier carnet