Ce grade n’apparait que dans le contexte du Rite Forestier des Modernes. Alors que les Charbonniers et les Fendeurs sont des « Cousinages », il existe bien un Compagnonnage des forgerons qu’on ne saurait ignorer dans le cadre de nos recherches. Le grade présenté ici en est très différent et est propre au Rite des Modernes. Le grade de Forgeron est au cœur du Rite Forestier des Modernes. En son sein, il existe même un cinquième degré intitulé « Le Maître des Forges ». Le Rite Forestier des Modernes se veut résolument d’inspiration celtique, or l’avènement de cette civilisation recouvre ce qu’on appelle l’Age du Fer (millénaire avant notre ère). L’Age du Fer est une période chronologique caractérisée par l’usage de la métallurgie du fer et faisant suite à ce qu’on a appelé l’Age du Bronze. La métallurgie du fer nécessite une température plus élevée que celle du bronze, atteignable grâce à l’usage du charbon de bois et à l’évolution technologique des fours. L’Age du Fer est subdivisé en deux périodes nommées, d’après deux sites importants de découvertes archéologiques : le Hallstatt (1200 à 500 av. J.C.) en Autriche et La Tène (500 à 25 av. J.C.) au bord du lac de Neuchâtel. Selon l’historien Bruno Dumézil (1976 - ), professeur à la Sorbonne, spécialiste du Haut Moyen Age, durant La Tène, "les Celtes fabriquaient et commercialisaient des armes comparables à ce que furent les sabres japonais au Japon au XVIIIe Siècle.". Les Celtes constituaient les bataillons de mercenaires les plus prisés de leur temps. La Forge est donc au cœur de cette civilisation. La logique du Rite Forestier des Modernes est donc implacable dans sa mise en cohérence des grades : Fendeur, Charbonnier, Forgeron. Par le bois ! Par le feu ! Par le fer ! A ce sujet, on ne pourra que conseiller la lecture du très célèbre ouvrage de Mircea Eliade : « Forgerons et alchimistes », (Flammarion 1977). Hiram, le mythique personnage maçonnique, inspiré de la Bible, (Livre des Rois et Chroniques), n’est qu’un fondeur, un bronzier, et il est associé au très ancien Tubal-Caïn, le forgeron archétypal, le maîtres des forces souterraines à l’instar de l’Héphaïstos grec ou du Vulcain romain. |
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Dans les traditions celtiques, Gobban Saer est le dieu forgeron. Gobban Saer est très ancien et sa trace se perd dans la nuit des temps. C’est lui qui forgea les armes des Tuatha De Danaan, les premiers dieux et le chaudron du Dagda, Dieu des dieux, Druide des druides, récipient inépuisable capable de satisfaire n’importe quel appétit et de ressusciter les morts, prototype du Graal. Gobban Saer sera un des plus grands dieux celtes jusqu’à l’époque de la christianisation. Sa présence est très affirmée au sein des rites forestiers restés fidèles à l’ancienne religion. Si le mot « gobban » est bien en rapport avec la forge (« goff » en breton), le mot « saer » signifie constructeur, bâtisseur, architecte. On trouve alors :
Il semble bien que le maître forgeron Gobban soit habile dans tous les arts, métallurgie, bois, pierre, architecture terrestre et navale. Il est étonnant de retrouver dans l’Irlande du VIIe siècle un architecte réputé du nom de Gobban qui fut employé à foison par de nombreux saints irlandais pour construire des églises, des clochers et des oratoires. Il est mentionné dans un poème irlandais du VIIIe siècle conservé dans un monastère de Carinthie : « Il est dit que la renommée de Gobban en tant que bâtisseur de bois et de pierre résistera jusqu’à la fin des temps ». Canonisé en Saint Gobban au VIIIe siècle (Saint Gobain en français), l’Eglise catholique le considère comme historique. Sa sépulture supposée est située à côté de l’église de Derrynaflan dans le comté de Tipperary. La pratique et l’étude de ce grade ouvrent des perspectives infinies. La magie des opérations, la confrontation à de puissants archétypes, l’activation psychique qui en résulte ne laissera personne indifférent. Arrivé à ce point comme dans la quête du Graal, on ne peut que reculer ou avancer. |